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OA Week et les données de la recherche

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Cette année, lors de l’OA Week en France1 les questions de l’open science et des données de la recherche ont fait une percée dans plusieurs manifestations.
En 2014, aucune manifestation n’avait été consacrée aux données de la recherche, même si le thème a pu être abordé parfois. En 2015, le sujet est clairement abordé dans 3 manifestations et les termes open science ou science ouverte est évoqué à plusieurs reprises.
Les bibliothèques universitaires et l’URFIST de Lyon ont notamment co-organisé le 16 octobre une journée sur le thème : “Les données de la recherche : où en est-on ?”. Malheureusement je n’ai pas pu y assister et j’espère que les interventions de la journée seront consultables en ligne prochainement. Par contre, j’ai pu assister aux 6èmes Journées Open Access Couperin, intitulées “Open science, la science ouverte en marche”.


Dès la première intervention, celle de José Cotta, de la Commission Européenne, sur les enjeux de l’open science, le thème des données de la recherche est abordé. José Cotta a rappelé que la promotion de l’open access est un projet phare pour la Commission Européenne qui a pour ambition d’être un catalyseur des évolutions majeures de la science constatées depuis l’essor des technologies de l’information et de la communication. José Cotta a précisé que l’open access, tel qu’il est envisagé par son institution concerne tant les publications scientifiques que les données de la recherche.
La dernière demi-journée de ces Journées Couperin était consacrée à la prospective dans le domaine de l’openscience avec trois interventions sur le sujet des données de la recherche :

  • “Données de la recherche dans Horizon 2020 : enjeux pour la recherche en Europe” par Célina Ramjoué de la Commission Européenne2
  • “Enjeux des données de la recherche pour l’INRA” par Christine Gaspin de l’INRA3
  • “ Collectes collaboratives de données de la recherche” par Chloé Martin, du Museau d’Histoire Naturelle.4

Les données de la recherche dans Horizon 2020

Célina Ramjoué a présenté le projet pilote sur les données de la recherche. Ce projet pilote concerne un certain nombre de thématiques concernées par le projet Horizon 2020 pour 2016 et 2017, parmi lesquelles les technologies futures émergentes, les infrastructures de recherche, les nanotechnologies etc.5 Les chercheurs qui ont obtenu un financement dans le cadre de ce programme doivent fournir dans les 6 premiers mois du projet de recherche un Data Management Plan, ou Plan de Gestion des Données, qui permettra d’évaluer si les données produites lors de ce projet pourront être ouvertes ou non.
Ce projet pilote fonctionne avec un système d’opt-in / opt-out. C’est-à-dire que les chercheurs qui travaillent sur les thématiques du périmètre du projet pilote peuvent décider de ne pas participer à ce projet, ils ne seront pas pénalisés et obtiendront quand même leur financement, il s’agit de l’opt-out. A l’inverse des chercheurs qui travaillent sur des thématiques hors périmètre peuvent s’inscrire au projet pilote, c’est l’opt-in. 35 % des projets inclus dans le pilote ont fait valoir l’opt-out et que 12 % des projets d’autres thématiques ont souhaité rejoindre le pilote.
Célina Ramjoué a admis que le projet pilote n’a aucun caractère contraignant et que pour la Commission Européenne, il s’agit surtout d’inciter les chercheurs à adopter de bonnes pratiques concernant la gestion de leurs données. L’ouverture des données seraient un “plus”.

Les deux interventions suivantes présentaient deux approches différentes d’accompagnement des chercheurs dans la gestion de leurs données.

Un accompagnement institutionnel à l’INRA

La première était une présentation des actions menées par l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique). L’institution travaille sur les données de la recherche depuis les années 90, période à laquelle sont nés les premiers entrepôts de données pour les sciences du vivant. Le défi pour l’INRA, face à l’accélération de la production, du stockage et du partage des données consiste essentiellement (pour ce que nous a présenté Christine Gaspin) en l’accompagnement des équipes de recherche vers une meilleure gestion des données en considérant tout le cycle de vie des données6, pour in fine, en améliorer le partage. Pour cela le Conseil scientifique de l’INRA a produit un rapport présentant 9 recommandations pour une meilleure gestion des données. D’autre part l’INRA a co-rédigé avec d’autres organismes de recherche un guide juridique pratique à destination des chercheurs. L’INRA développe également des services comme l’aide à la rédaction de plan de gestion de données ou à l’attribution de DOI.

Une approche pragmatique pour l’unité BBEES du CNRS et du Museum d’Histoire Naturelle

Les actions présentées par Chloé Martin relèvent d’une approche un peu différente, très axée sur les besoins des chercheurs. Chloé Martin appartient à l’UMS (Unité Mixte de Services) BBEES (Bases de données sur la Biodiversité, Ecologie, Environnements et Sociétés) qui a pour mission d’apporter un soutien aux équipes de recherche pour la gestion de leurs données. Partant du constat que chaque laboratoire de recherche produit de son coté un nombre important de bases de données, l’idée a émergé de créer une unité de service qui pourraient apporter un soutien technique et scientifique à de nombreux chercheurs. Le fait d’”extérioriser” la gestion des bases de données permettrait également d’éviter que les données se perdent lorsqu’un chercheur quitte un laboratoire. L’intervention de l’équipe de BBEES permet de mutualiser les outils mais aussi de prendre en charge tout ce qui va « autour » des bases de données : insertion dans des dispositifs nationaux et internationaux, respect de standards, de la réglementation en terme de propriété intellectuelle, etc, tout en laissant l’administration de la base aux chercheurs qui produisent les données. L’approche de BBEES est très pragmatique ; l’équipe s’adapte au mieux au besoin des chercheurs et surtout les laissent complètement maîtres de la production des données. Enfin l’unité n’intervient qu’à la demande des chercheurs, ce qui garantit certainement en partie la réussite des partenariats ainsi engagés.

Suite à l’intervention de Chloé Martin, Jacques Lafait, enseignant chercheur à l’Université Pierre et Marie Curie de Paris a rappelé la responsabilité des communautés scientifiques face aux questions des données. Pour lui, c’est plus l’impulsion des chercheurs que n’importe quel dispositif législatif qui permettra d’améliorer la gestion des données de la recherche.

Citer ce billet: Noëmie Rosemberg, "OA Week et les données de la recherche," dans En quête des données, le 21/10/2015, http://donneesshs.hypotheses.org/117. Consulté le 09/12/2017.

  1. L’OA Week, ou la semaine internationale du libre-accès, est un évènement international, dont l’objectif est de promouvoir l’accès ouvert aux publications de la recherche.Des manifestations ont lieu dans de nombreux pays (voir : http://www.openaccessweek.org/) ; en France c’est le consortium Couperin (Consortium Unifié des Etablissements Universitaires et de Recherche pour l’accès aux publications numériques) qui coordonne, en partenariat avec les URFIST (Unités Régionales de Formation à l’Information Scientifique et Technique) ces journées. La BULAC, la bibliothèque dans laquelle j’exerce, participe à cet évènement en publiant sur son carnet Le Carreau de la BULAC un billet par jour entre le 12 et le 23 octobre sur le thème de l’open access. J’ai d’ailleurs écrit celui-ci et celui-là !
  2. présentation de Célina Ramjoué consultable ici
  3. présentation de Christine Gaspin consultable ici
  4. présentation de Chloé Martin consultable ici
  5. voir liste complète des thématiques couvertes par le programme en 2016-2017 ici
  6. je reviendrai sur cette notion qui n’est pas encore limpide pour moi

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